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Divers poème à lire!

Clair de lune

La mer est grise, calme, immense,
L'oeil vainement en fait le tour.
Rien ne finit, rien ne commence :
Ce n'est ni la nuit ni le jour.
Point de lame à frange d'écume,
Point d'étoiles au fond de l'air.
Rien ne s'éteint rien ne s'allume :
L'espace n'est ni noir ni clair.

Albatros, pétrels aux cris rudes,
Marsouins, souffleurs, tout a fui.
Sur les tranquilles solitudes
Plane un vague et profond ennui.

Nulle rumeur, pas une haleine,
La lourde coque au lent roulis
Hors de l'eau terne montre à peine
Le cuivre de ses flancs polis;

Et le long des cages à poules,
les hommes de quart, sans rien voir,
regardent en songeant , les houles
monter, descendre et se mouvoir.

Mais, vers l'Est, une lueur blanche,
comme une cendre, un vol léger
Qui par nappes fines s'épanche,
de l'horizon semble émergée.

Elle nage, pleut, se disperse,
S'épanouit de toutes parts,
Tourbillonne, retombe et verse
Son diaphane et doux brouillard.

Un feu pâle luit et déferle
La mer frémit, s'ouvre un moment,
Et dans le ciel couleur de perle
La lune monte doucement.

Poèmes

La mer et l'amour

Et la mer et l'amour ont l'amour pour partage,
Et la mer est amère, et l'amour est amer,
L'on s'abîme en l'amour aussi bien qu'en la mer,
Car la mer et l'amour ne sont point sans orage.

Celui qui craint les eaux qu'il demeure au rivage,
Celui qui craint les maux qu'on souffre pour aimer,
Qu'il ne se laisse pas à l'amour s'enflammer,
Et tous deux ils seront sans hasard de naufrage.

La mère de l'amour eut la mer pour berceau,
Le feu sort de l'amour, sa mère sort de l'eau,
Mais l'eau contre ce feu ne peut fournir des armes.

Si l'eau pouvait éteindre un brasier amoureux,
Ton amour qui me brûle est si fort douloureux,
Que j'eusse éteint son feu de la mer de mes larmes.

Il n'y a que la mer

Vague après vague va la mer,
De mer en mer tangue inlassable,
sans virer de cap aux amers
au large de l'inconnaissable

Une étoile sur les épaules
Et la voilure offerte auvent,
au vent mouillé, venu des pôles
Chanter l'aventure aux vivants.

Elle roule dans sa mouvance
On ne sait qui, on ne sait quoi ;
Car rien n'efface les pourquoi
flottant sur l'écume en partance.

Puis la mer poursuit son chemin,
Brasse après brasse, jamais lasse,
Elle pose sa longue main
Sur les chemins qu'elle dépasse.

Vague après vague va la mer
Vers l'incertaine latitude
Où fleurit l'algue solitude ;
Vague après vague....va la mer.

Poèmes

Je ne sais pourquoi

Je ne sais pourquoi
Mon esprit amer
D'une aile inquiète et folle vole sur la mer.
Tout ce qui m'est cher,
D'une aile d'effroi
Mon amour le couve au ras des flots. Pourquoi,
Pourquoi ?

Mouette à l'essor mélancolique,
Elle suit la vague, ma pensée,
A tous les vents du ciel balancée,
et biaisant quand la marée oblique,
Mouette à l'essor mélancolique

Ivre de soleil
et de liberté
un instinct la guide à travers cette immensité.
La brise d'été
Sur le flot vermeil
Doucement la porte en un tiède demi-sommeil.

Parfois si tristement elle crie
Qu'elle alarme au loin le pilote,
puis au gré du vent se livre et flotte
Et plonge, et l'aile toute meurtrie
Revole, et puis si tristement crie !

Je ne sais pourquoi
Mon esprit amer
D'une aile inquiète et folle vole sur la mer Tout ce qui m'est cher
D'une aile d'effroi
Mon amour le couve au ras des flots. Pourquoi,
Pourquoi ?

La mer est belle

La mer est belle et claire et pleine de voyages.
A quoi bon s'attarder près des phares du soir
Et regarder le jeu tournant de leurs miroirs
Réverbérer au loin des lumières trop sages ?

La mer est belle et claire et pleine de voyages.
Et les flammes des horizons, comme des dents,
Mordent le désir fou, dans chaque coeur ardent;
L'inconnu est seul roi des volontés sauvages.

Partez, partez, sans regarder qui vous regarde,
Sans nuls adieux tristes et doux,
Partez, avec le seul amour en vous
De l'étendue éclatante et hagarde.

Oh! voir ce que personne avec ses yeux humains,
Ayant vos yeux à vous, dardés et volontaires,
N'a vu ! voir et surprendre et dompter une mystère
Et le résoudre et tout à coup s'en revenir
Du bout des mers de la terre,
Vers l'avenir,
Avec les dépouilles de ce mystère,
Triomphales, entre les mains
Poèmes

La mer est encore plus belle

La mer est plus belle
Que les cathédrales;
Nourrice fidèle,
Berceuse de râles;
La mer sur qui prie
La Vierge Marie!
Elle a tous les dons,
Terribles et doux.
J'entends ses pardons,
Gronder ses courroux;
Cette immensité
N'a rien d'entêté.
Oh! Si patiente,
Même quand méchante!
Un souffle ami hante
La vague, et nous chante:
"Vous, sans espérance,
Mourez sans souffrance!"
Et puis, sous les cieux
Qui s'y rient plus clairs,
Elle a des airs bleus,
Roses, gris et verts...
Plus belle que tous,
Meilleure que nous!

L'homme et la mer

Homme libre, toujours tu chériras la mer!
La mer est ton miroir; tu contemples ton âme
Dans le déroulement infini de sa lame,
Et ton esprit n'est pas un gouffre moins amer.

Tu te plais à plonger au sein de ton image;
Tu l'embrasses des yeux et des bras, et ton coeur
Se distrait quelquefois de sa propre rumeur
Au bruit de cette plainte indomptable et sauvage.

Vous êtes tous les deux ténébreux et discrets:
Homme, nul n'a sondé le fond de tes abîmes;
O mer, nul ne connaît tes richesses intimes,
Tant vous êtes jaloux de garder vos secrets!

Et cependant voilà des siècles innombrables
Que vous vous combattez sans pitié ni remord,
Tellement vous aimez le carnage et la mort,
O lutteurs éternels, ô frères implacables!
Poèmes

Tristesse en mer

Les mouettes volent et jouent ;
Et les blancs coursiers de la mer,
Cabrés sur les vagues, secouent
Leurs crins échevelés dans l'air.

Le jour tombe ; une fine pluie
Eteint les fournaises du soir,
Et le steam-boat crachant la suie
Rabat son long panache noir.

Plus pâle que le ciel livide
Je vais au pays du charbon,
Du brouillard et du suicide ;
  • Pour se tuer le temps est bon.

Mon désir avide se noie
Dans le gouffre amer qui blanchit ;
Le vaisseau danse, l'eau tournoie,
Le vent de plus en plus fraîchit.

Oh ! je me sens l'âme navrée ;
L'Océan gonfle, en soupirant,
Sa poitrine désespérée,
Comme un ami qui me comprend.

Allons, peines d'amour perdues,
Espoirs lassés, illusions
Du socle idéal descendues,
Un saut dans les moites sillons !

A la mer, souffrances passées,
Qui revenez toujours, pressant
Vos blessures cicatrisées
Pour leur faire pleurer du sang !

A la mer, spectre de mes rêves,
Regrets aux mortelles pâleurs
Dans un coeur rouge ayant sept glaives,
Comme la mère des douleurs.

Chaque fantôme plonge et lutte
Quelques instants avec le flot
Qui sur lui ferme sa volute
Et l'engloutit dans un sanglot.

Lest de l'âme, pesant bagage,
Trésors misérables et chers,
Sombrez, et dans votre naufrage
Je vais vous suivre au fond des mers.

Bleuâtre, enflé, méconnaissable,
Bercé par le flot qui bruit,
Sur l'humide oreiller du sable
Je dormirai bien cette nuit !

... Mais une femme dans sa mante
Sur le pont assise à l'écart,
Une femme jeune et charmante
Lève vers moi son regard,

Dans ce regard, à ma détresse
La Sympathie à bras ouverts
Parle et sourit, soeur ou maîtresse,
Salut, yeux bleus ! bonsoir, flots verts !

Les mouettes voient et jouent ;
Et les blancs coursiers de la mer,
Cabrés sur les vagues, secouent
Leurs crins échevelés dans l'air.

Poèmes